Chanson à quatre couplets et deux refrains trouvée sur un soldat français dans le secteur du Chemin des Dames et publiée le 24 juin 1917 dans un journal allemand destiné aux populations des régions occupées du Nord de la France.
Source :
Chanson publiée sous le titre « Une chanson de soldat » dans La Gazette des Ardennes, une publication destinée aux populations des régions occupées. C’est, en l’état actuel des connaissances (février 2017), la plus ancienne version imprimée de la chanson connue aujourd’hui sous le nom de « Chanson de Craonne ».
La Gazette des Ardennes qui est imprimée à Charleville (Ardennes), siège du Grand quartier général allemand, paraît en 1917 quatre fois par semaine sur 4 pages avec un tirage annoncé de 160 000 exemplaires. Il existe également depuis août 1915 une édition illustrée de 8 pages où a été publiée en novembre 1917 une autre version de la chanson intitulée « Sur le plateau de Lorette » (voir Lorette-17-08-20)
La collection complète de La Gazette des Ardennes est consultable en
ligne sur le site de la Bibliothèque de l’Université de
Heidelberg. Pour accéder à la page où figure la version :
http://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/feldztggazarden1917/0388?sid=82057a981a29ce0378e2d7e15d60f71b (lien consulté le 14/06/17)
Contexte :
La Gazette des Ardennes vise à convaincre les lecteurs de l’objectivité des Allemands (par exemple par la publication des communiqués de guerre français et britanniques) et de leur esprit humanitaire (publication de listes de noms de prisonniers français). Outil de propagande, elle cherche aussi à discréditer l’allié britannique et dénonce régulièrement en 1917 le jusqu’auboutisme des gouvernements français alors que l’opinion aspirerait à la paix. La publication d’une chanson aux accents pacifistes et anticapitalistes démontre qu’au lendemain de l’offensive Nivelle, les soldats français eux-mêmes sont démoralisés et ne croient plus à la victoire. L’indication « trouvée en plusieurs exemplaires » cherche à renforcer cette impression… En réalité, la situation est encore plus grave avec les mouvements de désobéissance (les « mutineries ») qui se sont multipliés depuis la fin du mois d’avril, mais les Allemands en ignoraient l’existence.
Remarques sur les paroles :
Au premier refrain, « c’est pas fini », est commun aux autres versions de la période 1916-1919. Plusieurs variantes sont à noter, certaines inhabituelles : au troisième couplet le premier vers (« Les jours de tranchées sont jours de souffrances ») et au quatrième couplet, « se farder » (pour « se cacher ») et le bien de « tous ces gros-là ».
Il faut surtout relever la violence de l’invective finale : « Puisque vous voulez continuer (et pas seulement « faire ») la guerre, Payez un peu de votre sale peau »…
Musique :
Aucune indication de l’air sur lequel se chantent les paroles.
Bibliographie :
Première publication de cette « chanson de soldat » : Damien Becquart, « Chanson de Craonne en pays occupés », La Lettre du Chemin des Dames, n°19 (été 2010), p. 26.
Autour de la Chanson de Craonne http://www.chansondecraonne.fr M-à-j le 15/01/2017