Transcription de l'enregistrement
Couplet 1
Quand au bout de huit jours le r’pos terminé
Nous voilà r’partis aux tranchées
Notre place si utile
Car sans nous l’on prend la pile.
Mais c’est bien fini on en a assez
Personne ne veut plus marcher
Mais le cœur bien gros
Car dans un sanglot
Il faut dire adieu au civelot
Même sans tambour ni trompette
Nous voilà partis tout en baissant la tête.
Refrain
Adieu la vie, adieu l’amour,
Adieu toutes les femmes
C’est pas fini, c’est pour toujours
De cette guerre infâme
C’est à Verdun, au fort de Vaux,
Qu’on a risqué sa peau
Nous étions tous condamnés
Nous étions sacrifiés.
Couplet 2
Nous voilà partis avec sac au dos
On peut dire adieu au repos
Si pour nous la vie est dure,
C’est terrible je vous l’assure,
En Argonne là-haut on va nous descendre
Sans pouvoir même nous défendre
Car si nous avons de très bons canons
Les Boches répondent à leurs sons,
Forcés de se terrer dans la tranchée
Et d’attendre l’obus qui viendra nous tuer.
(au refrain)
Couplet 3
Quand on est au créneau1
Ce n’est pas un fricot2
D’être à quelqu’s mètres des Pruscaux3.
En ce moment la pluie fait rage
Si l’on se montre c’est un carnage.
Tous nos officiers sont dans leurs abris
En train de faire des chichis.
Ils s’en foutent pas mal si en avant d’eux
Y a de pauvres malheureux.
Tous ces messieurs-là encaissent le pognon
Et nous pauvres troufions
Nous n’avons que cinq ronds4.
(au refrain)
Couplet 4
Huit jours de tranchées, huit jours de souffrances,
Mais enfin on a l’espérance
Que ce soir on nous relève
Car nous l’attendons sans trêve.
Soudain dans la nuit avec le silence
On voit quelqu’un qui s’avance
C’est un officier de chasseurs à pied
Qui viennent pour nous remplacer
Et doucement, sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs viennent chercher leurs tombes
(au refrain)
Couplet 5
C’est malheureux de voir sur les grands boulevards
Tous les tas d’cossard5s qui font la foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c’est pas la même chose.
Au lieu d’se cacher tous ces embusqués
F’raient mieux de venir aux tranchées
Défendre leurs biens car nous n’avons rien
Nous autres pauvres purotins.
Tous nos compagnons sont étendus là
Pour défendre le bien de ces embusqués-là.
Refrain final
Ceux qui ont le pognon ceux-là reviendront
Car c’est pour eux qu’on s’crève.
Mais c’est bien fini car les troufions
Vont tous se mettre ne grève.
C’est à votre tour messieurs les gros de monter sur l’plateau
Vous qui avez voulu la guerre payez-la de votre peau !
1Le créneau de la tranchée, ouverture par laquelle on surveille ceux d’en face.
2Ici au sens de fête.
3Les Prussiens. Ce sobriquet était plutôt utilisé lors de la guerre de 1870-1871.
4Cinq sous, soit 25 centimes, montant de la solde quotidienne d’un simple soldat.
5Fainéants.
Autour de la Chanson de Craonne http://www.chansondecraonne.fr M-à-j le 15/06/2017