Le plateau de Lorette


Chanson à quatre couplets et deux refrains copiée le 21 novembre 1917 dans une maison de convalescence de la Région parisienne.

Source :

La chanson a été copiée recto verso sur une feuille de papier à lettres conservée dans des archives familiales à Soissons.

Contexte :

« Fait sur copie à Vémars à Mlle X : un petit poilu du 15 » peut-on lire au bas du verso. Si l’identité du « petit poilu du 15 » reste inconnue, celle de la dédicataire, « Mlle X », n’est pas mystérieuse. Il s’agit d’une jeune fille de 17 ans, Jeanne Petit, née le 1er avril 1900 à Moussy-le Vieux (Seine-et-Marne) qui est la propre mère de celle qui conserve cette feuille manuscrite.

A Vémars, un village de 400 habitants situé dans la Plaine de France, à une trentaine de kilomètres de Paris, le château a été, comme des milliers d’autres belles demeures dans toute la France, transformé pendant la guerre en établissement de soins et de convalescence. C’est là que se rend régulièrement Jeanne Petit pour faire la lecture aux soldats blessés. Elle est orpheline de guerre (« pupille de la Nation » depuis la loi de juillet 1917) : blessé dans la Somme, son père est décédé en septembre 1915 dans un hôpital du Midi de la France.

L’écriture, particulièrement soignée, est, sans doute possible, celle de la jeune fille. Comment comprendre alors la mention « fait sur copie » ? La chanson aurait-elle été copiée à partir d’un cahier de chansons appartenant au soldat ? Toujours est-il que les précautions que la copiste prend pour assurer son anonymat et celui de son informateur permettent de penser qu’elle a conscience du caractère subversif de la chanson.

Remarques sur les paroles :

Outre le second refrain et le « c’est pas fini » du premier refrain qu’on retrouve dans les autres versions de la période 1915-1919, cette version présente quelques variantes moins habituelles comme « c’est pour toujours de cette vie infâme » au 1er refrain, et « un tas d’ cossards (paresseux) qui font la poire (regardent avec mépris) » ou encore « … défendre le bien de tout’s ces vaches-là (voir Somme-17-06). D’autres variantes sont carrément uniques (dans le corpus constitué en février 2017). Il s’agit de deux vers du premier couplet : « Car part tous les temps/Il nous faut rester dans ces sal’s tranchées » et au dernier refrain, l’ajout de « toujours » dans  : « puisque vous voulez toujours faire la guerre ».

Musique :

L’air sur lequel se chante Le Plateau de Lorette est indiqué dès le titre, ce qui est assez rare pour les versions de la période 1915-1919. Il s’agit de Bonsoir m’amour, une chanson de 1911 (musique : Adelmar Sablon, paroles : René Le Peltier), l’un des grands succès des années précédant la guerre.

Autour de la Chanson de Craonne   http://www.chansondecraonne.fr  M-à-j le 02/07/2017