Sur le Plateau de Lorette (août 1917)

Chanson à quatre couplets et deux refrains publiée en novembre 1917 par un organe allemand de propagande destiné aux populations des régions occupées.

Source :

Extrait du n°49 (11 novembre 1917) de l’édition illustrée de La Gazette des Ardennes. La page 7 présente sous le titre « La Poésie dans les tranchées » quatre « chansons trouvées sur des prisonniers français », dont celle intitulée « Sur le Plateau de Lorette ». Cette « chanson réaliste » a été « copiée le 20 août 1917 » par un soldat dont on ne connaît ni le régiment, ni l’endroit du front où il se trouvait.

La collection complète de La Gazette des Ardennes est consultable en ligne sur le site de la Bibliothèque de l’Université de Heidelberg. Pour accéder à cette page (consultée le 15/06/17) : http://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/feldztggazardenill1917bis1918/0072?sid=045e95055849e96e8fbc1058405871aa.

Contexte :

La Gazette des Ardennes est une publication en français, destinée aux populations des régions occupées, qui est imprimée à Charleville (Ardennes), siège du Grand quartier général allemand. Elle paraît, en 1917, quatre fois par semaine sur 4 pages et dispose trois fois par mois d’une édition illustrée de 8 pages qui tirerait à 100 000 exemplaires.

La parution d’une chanson comme « Sur le Plateau de Lorette » dans un journal au service de la propagande allemande est destinée à accréditer l’idée chez les lecteurs des régions occupées que l’armée française, après trois ans de guerre, est profondément démoralisée. Les trois autres chansons présentées illustrent la même idée, en particulier « La Grève des mères », une chanson antimilitariste et antinataliste du célèbre Montéhus (1905), l’auteur de la chanson « Gloire aux 17e » (1907) sur les soldats qui avaient refusé de tirer sur les vignerons révoltés du Midi.

Dans son numéro du 24 juin 1917, La Gazette des Ardennes avait déjà publié sous le titre « Une chanson de soldat » une autre version de la Chanson trouvée sur des soldats français aux environs de Craonne. Voir la version « Une chanson de soldat (1917) ».

Musique :

Aucune indication de l’air sur lequel se chantent les paroles, à la différence des « Ces braves Civ’lots » et « Chanson patriotique » qui sont aussi des parodies mais pour lesquelles l’air est indiqué.

Remarques sur les paroles :

A la différence des autres versions de la période 1915-1919, celle-ci se présente sans élision (à une exception près : « Ceux qu’ont le pognon » au premier vers du refrain final), et avec une ponctuation particulièrement soignée. Faut-il y voir la conséquence d’une intervention sur le texte manuscrit original pour en corriger l’orthographe et en rétablir la ponctuation? C’est ce qui expliquerait le vers sans rime du premier couplet (« on prend la pile ») ou le vers trop long dans le refrain final (« Mais c’est la fin, car les biffins vont tous se mettre en grève »).

Outre le « c’est pas fini » du premier refrain et le « c’est pour eux qu’on s’crève ») du second refrain, des variantes qui sont communes aux autres versions datant de la période 1915-1919, il faut noter au 4e couplet : « tas de rossards» (vers 2) et « ces richards-là » (dernier vers) et dans le refrain final « biffins » (au vers 2, avec une belle rime intérieure fin/biffins).

Autour de la Chanson de Craonne   http://www.chansondecraonne.fr  M-à-j le 01/07/2017