Le plateau de Craonne


Chanson à quatre couplets et deux refrains copiée en novembre 1917 dans son cahier de chansons par Louis Rousseau, soldat au 46e régiment d’infanterie.


Source :

Cahier de chansons tenu par Louis Rousseau pendant son service militaire puis plus irrégulièrement pendant la guerre. Le plateau de Craonne se trouve dans le cahier n°2, p. 118-120. (collection : Jean-Jacques Révillion)

Dès son incorporation en janvier 1913 au 46e régiment d’infanterie, Louis Rousseau commence à constituer un cahier de chansons que des camarades ont agrémenté d’illustrations souvent de belle facture. Au total il a copié plus de 300 chansons dans deux cahiers. Le Plateau de Craonne est l’une des dernières, elle vient après Les Embusqués et La Grève des mères copiée le 21 novembre 1917, elle n’est suivie que par un monologue comique misogyne (L’Addition) et par Verdun, on ne passe pas, une chanson patriotique très différente des trois précédentes.


Contexte :

Né le 9 octobre 1892 à Biches (Nièvre), Louis Rousseau appartient donc à la classe 1912 et fait partie de ces jeunes gens qui qui ont enchaîné le service militaire et la guerre. Engagé volontaire pour trois ans le 11 janvier 1913, il est incorporé au 46e régiment d’infanterie. Sa fiche matricule (Archives départementales de la Nièvre 1R399 – Recrutement de Nevers – classe 1912 n°1607) permet de suivre son parcours pendant la guerre. Il est blessé à la tête au Bois des Buttes, au pied du Chemin des Dames, le 12 avril 1917. De retour au régiment le 16 mai, il est à nouveau hospitalisé du 29 juillet au 25 août 1917 pour gale. Il est à nouveau blessé le 1er octobre 1918. Il est démobilisé seulement le 24 septembre 1919.

Plusieurs chansons de son cahier qu’il copie en 1917comme Les embusqués ou La Grève des mères ainsi que le poème Dernière vision pourraient laisser penser que Louis Rousseau est plutôt pacifiste. Son comportement sur le front ne lui en vaut pas moins une citation à l’ordre de la division le 17 août 1918 : « Excellent soldat, a été dans les derniers combats pour ses camarades, un bel exemple de courage et de sang-froid, s’est fait remarquer au cours de nombreuses patrouilles ».

A noter que le 46e régiment, alors en cantonnement à Vandeuil (Marne), a été concerné les 24 et 25 juillet 1917 par un refus collectif d’obéissance au 1er bataillon qui s’est soldé par dix peines de 5 et 10 ans de travaux publics. Mais la 10e compagnie à laquelle appartient Louis Rousseau fait partie du 3e bataillon.

Louis Rousseau après avoir exercé les professions de charpentier (en 1912) et de journalier (en 1937) a terminé sa vie comme cafetier dans son village natal où il est mort à 72 ans le 8 janvier 1975.


Remarques sur les paroles :

« C’est pas fini » au premier refrain, « tant de cossus qui font la foire » et « les biens d’tous ces richards-là » au dernier couplet : les paroles copiées par Louis Rousseau ne présentent guère de variantes particulières par rapport aux autres versions des années 1917-1919.

Elles ne sont guère différentes des paroles de la chanson Le Plateau de Lorette copiée d’une autre main que la sienne sur une feuille volante que Louis Rousseau conservait dans son cahier. (voir Lorette-15-09)

Comme pour les autres chansons du cahier, les fautes d’orthographe sont peu nombreuses (sauf pour le pluriel et l’infinitif) et les élisions pratiquement absentes (à une exception au dernier vers du 4e couplet).


Musique :

Aucune indication de l’air sur lequel se chante Le plateau de Craonne.


Bibliographie :

Le cahier de chansons de Louis Rousseau a été présenté par Jean-Jacques Révillion sur le blog Mémoire du folk en Nord-Pas-de-Calais dans un article mis en ligne le 9 février 2014 « La chanson de Craonne est née à Ablain-Saint-Nazaire (Pas-de-Calais) » (http://archivesdufolk59-62.blogspot.fr/search?q=chanson+de+craonne).

Autour de la Chanson de Craonne   http://www.chansondecraonne.fr  M-à-j le 15/01/2017